zemixa Admin
Nombre de messages : 811 Localisation : derrière toi Date d'inscription : 11/10/2005
| Sujet: Miyazaki - I. la grande expérience Mer 16 Nov - 1:51 | |
| Le support télévisé envahit le Japon. La production est assujettie à l'argent : l'appât du gain entrave la créativité. Pas même une furtive intention de créer l'étrange ou le beau n'est permise. Miyazaki le déplore par des gifles adressées à la Tôei, dont les films sont pour lui « laids et mièvres ». Il est abattu, les mauvais jours s'amoncellent. Taiyô no Ôji Hols no Daibôken est une échappatoire. Lorsque la Tôei Animation propose le projet, elle veut apaiser la fureur des employés mais toujours ces volontés vénales : la recherche excessive et primordiale du profit. Ôtsuka, responsable du film, s'oppose aux considérations de la Tôei et offre à Takahata le siège de réalisateur. Animateur-clé, Miyazaki dessine aussi quelques pans de décor : il promet à son ami un indéfectible soutien. Et quelle joie le traverse ! Quelle audace, quelle fierté, quel soulagement ! Taiyô no Ôji Hols no Daibôken (Horus) constitue un tournant artistique et personnel. Horus est une ébauche, certes, mais si fulgurante ! Son écho de colosse résonne encore : la Tôei est réticente, son avarice se ressent dans quelques failles, mais le film est téméraire et impressionne, il fend les méthodes imposées par Tezuka. La première séquence, le féroce affrontement entre les loups et le héros, insuffle une puissance magistrale au récit. La mélancolie infuse à grands flots dans l'histoire, l'atmosphère, souvent sinistre, surprend. Hilda, l'un des protagonistes de Taiyô no Ôji Hols no Daibôken « Au moment de la sortie de Taiyô no Ôji Hols no Daibôken, Yasuo Ôtsuka, Isao Takahata et moi-même étions persuadés de changer la face du monde », raconte Miyazaki. Mais l'oeuvre, méditée, amère, soigneuse, fougueuse, est froidement accueillie : lors de la sortie au cinéma, le 20 juillet 1968, la qualité est bien présente, levée comme un étendard, mais le public ne suit pas, et Horus entame un lent naufrage dans l'oubli... « Mais le film s'est effrondré, continue-t-il. Curieusement, je n'ai pas été déçu plus que ça, je me suis dit qu'après tout, les spectateurs étaient peut-être tous des imbéciles. A dater de ce jour, j'ai décidé que je ne me préoccuperais plus du nombre d'entrées. » Dans les années 70, Horus connaît une renaissance. Lorsqu'il évoque la réalisation d'Horus, Miyazaki se souvient de ses querelles avec les dirigeants, pierre d'achoppement de ses desseins : “Nous (Takahata, Ôtsuka et moi) nous disputions alors avec les responsables de la Tôei qui étaient furieux et voulaient que le projet s'arrête. Nous leur rétorquions que peu importaient les remontrances des agents du capitalisme ! Nous nous battions sans relâche contre eux (rires). L’an dernier, nous avons rencontré les responsables du studio de l’époque lors d’une réunion. Ils sont maintenant tous à la retraite. Nous sommes enfin réconciliés (rires). Deux des responsables qui sont désormais des hommes d’un âge vénérable nous ont dit que nous les avions vraiment fait suer, mais que cela avait été passionnant (rires).” Taiyô no Ôji Hols no Daibôken a renforcé l'amitié unissant Ôtsuka, Takahata et Miyazaki et excité une vive sympathie pour Mori Yasuji et son disciple Yôichi Otabe, qui le suivront dans des choix d'une extrême importance. | |
|